Pas fait pour ce monde.
Plus fait, si jamais été.
À vomir.
Bêtise politique à l’apogée.
Fin des combats.
Pas la peine.
Plus la peine.
Gaspillage d’énergie.
Autre chose à faire,
De mieux,
Vivre.
Vivre mieux.
Autrement.

Je me balade dans la tête d’un mâle politique et voici ce que je vois et entends :
— Ah ! J’ai mon petit pouvoir et je vous emmerde juste pour vous prouver que je peux, que j’en ai le pouvoir, semble dire les dirigeants de ce monde.
Ou :
— Moi je sais, alors, taisez-vous parce que c’est ça la démocratie.
Ou :
— Si vous n’êtes pas contents, je vous envoie la troupe. Vous m’en direz des nouvelles. Ce n’est pas qu’à l’âme que vous aurez des bleus, saleté de manants ! Ha ! Ha ! Ha !
Ou :
— Si ça va mal, ce n’est pas de ma faute, mais de la vôtre, de celle de mes opposants.

Plutôt que « ou », ces paroles-pensées-non-pensées se superposent, s’agglutinent, forment un tout pas très ragoutant à mon goût.

On arrête pas de le répéter : sur quelle planète ça vit, cette classe de politiciens-affairistes-lobbyïsé-lobotomisés-populo-terroristes-climaticides ?
Pas la même que la mienne, en tout cas.
Je n’en peux plus de les écouter, de les regarder, de les observer se chamailler.
Dans ma campagne de merde, j’attends la purge.
Lutter ne sert plus à rien.
Je le vois.
Je l’observe.
Ou si peu.
Les combats avortent.
Les luttes se perdent
Et celles et ceux qui luttent se rassurent de quelques victoires concernant des objectifs secondaires et après de longues et épuisantes campagnes de guérilla.
Ah ! Si on se donnait toutes et tous la main…
Ha ! Ha ! Ha !

Je vais œuvrer à créer un petit coin de paradis, puis la catastrophe le détruira, l’asséchera, le brûlera, le réduira en poussière. L’héritage que je voulais léguer à ma descendance ne sera plus.
Comme le reste.
Tout le reste.

La naïveté m’a poussé à croire qu’on plaçait sur les trônes des personnages intelligents ou, du moins, pas trop stupides et pas trop ignares.
Non, des minables, des crétins assoiffés de pouvoir et rongés par une quelconque idéologie inféconde.
Et parmi leurs opposants, ça ne vaut guère mieux.
La déraison nous gouverne.
La déraison a pris le pouvoir,
Tout le pouvoir,
Le pouvoir de destruction,
De tout détruire, saccager.
Le pouvoir de mentir sans conséquence,
Le pouvoir de briser,
Le pouvoir d’humilier,
Le pouvoir de tuer et blesser, le pouvoir de ne jamais assumer la responsabilité des décisions prises et des actes quand ça ne tourne pas comme prévu. Le pouvoir de nier la réalité et de nommer la fiction la plus fantasque « réalité ».
Le pouvoir de chérir les causes dont ils déplorent les conséquences.
À vomir.
À oublier.

Le combat est trop inégal.
Ébahi, j’assiste à la victoire de la connerie généralisée.
Et cette connerie généralisée, médiatisée urbi et orbi a mangé ma poaisie, l’a grignotée.
À ce point, il n’en reste rien.
Ou un reste que je ne retrouve pas :
La poaisie du monde
La poaisie de la beauté sur terre
La poaisie des sentiments.
La poaisie,
Merde, elle a foutu le camp.
M’a déserté.
J’ai laissé faire.
J’ai cru bien faire à vouloir lutter, dire ce qu’il y avait à dire, à alerter.
Peine perdue, c’est pisser dans un violon embarquer sur un paquebot en train de couler dans nos océans-poubelles et bientôt, comme nos intelligences, océans inféconds.
Il aurait fallu quelques Titans pour redresser la barre, nous n’avons eu et n’avons que des nains de jardin.
À ceux-ci, salutaire serait de leur arracher la tête, d’en peler la peau, de fracasser le sommet du crâne et dans le vide au-dessous, de chier dedans.
Pas de Titans.
Pas de gouvernants-philosophes.
Rien, sinon nabots barbotant dans la piscine de miel de leur autosatisfaction et du mépris olympien de tout ce qui n’est pas eux rapport au fait que, eux, ils ont raison parce qu’ils savent et nous pas !
D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de considérer les résultats.
Mirifiques !
Fantastiques !
Hallucinants !
Tout va bien.
Tellement bien.
Les gens n’ont plus de fric pour manger,
Les gens n’ont plus de fric pour se loger,
Les gens n’ont plus de fric pour se chauffer,
Les gens n’ont plus de fric pour aller travailler,
Les gens n’ont plus de fric pour s’habiller.
Les gens qui travaillent sont payés au lance-pierre.
Et les pierres, hé bien, je vous le donne en mille, elles ne sont pas précieuses.
Une minorité de crétins décérébrés se gave.
Une majorité, presque aussi crétine et décérébrée — j’en fais partie — vivote tant bien que mal.
Plutôt mal que bien.

Allez tous vous faire foutre !

Moi aussi, tout comme vous, je suis un « gens » et ma décision est prise :
Ne plus participer.
Le moins possible.
Faire sécession.
Le plus possible.
Partir, me terrer, disparaître hors des radars, rompre,
Recréer, créer des microsociétés expérimentales.
S’inventer des amours et des chansons.
Nourrir la terre et s’en nourrir.

Allez tous vous faire foutre !

Ah ! Si j’étais dieu, ah ! si j’avais créé l’homme, la femme, j’aurais honte.
Un beau ratage.
Pas de quoi être fier.
Arrête !
Calme-toi !
Laisse pisser !
T’énerve plus !
Pas la peine.
Plus la peine.
Oui,
Ne plus m’énerver,
Me calmer,
Aller mon chemin,
Si possible,
Retrouver la poaisie,
Son émerveillement,
Sa vie, sa vigueur,
Sa saine et noble folie.
Ne serait-ce qu’un peu,
Retrouver la poaisie,
Ne serait-ce qu’un brin aussi léger qu’un brin d’herbe à valdinguer dans le vent et la tourmente qui se lève.
Une poussière d’espoir que…
Non.
La destruction de notre monde, du vivant se poursuit.
Inlassablement, ça n’aura de cesse tant que ce ne sera pas accompli, tant qu’il ne sera plus vivable (ce qui est un peu con, vous l’admettrez).
Alors,
Allez les gars et les filles, réveillez-vous !
Allez les filles et les gars, on est tous fous !
Allez les gars et les filles, réveillez-vous !
Notre mission, flinguer le monde !
Yey !
Et qu’on n’en parle plus !
Yey !
Ouais, quelque chose, comme du passé et de l’avenir en faire table rase !

Une fois qu’il est trop tard,
L’ainsi soit-il dans l’oubli de notre responsabilité.
On pourrait appeler ça, l’amensia !

En dépit des apparences, peu de fourmis, beaucoup de cigales !
Quand la fontaine de la vie sera presque tarie, nos larmes-oasis suffiront-elles à réensemencer la Terre ?