UNE POMME JUTEUSE

“Nous avons absolument besoin d’une nouvelle approche : une approche qui voit dans la transition vers une économie verte, numérique et inclusive, une grande opportunité de création d’emplois, d’augmentation du pouvoir d’achat et, en fin de compte, de croissance économique soutenue.”

Klaus Schwaab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial de Davos, janvier 2024.

— Ta gueule, pauvre débile !

MARKUS EST ASSOUPI. IL RÊVE d’une bonne grosse pomme, ses dents croquant sa chair juteuse, délicieuse. Il n’y a plus de pommes depuis longtemps. Tous les pommiers ont brûlé sur pied. Y aura-t-il encore un jour des pommiers et des pommes ? Et si oui, y aura-t-il encore des humains pour croquer dedans et goûter leur chair douce, sucrée et un peu acidulée.

Impossible de le savoir, se dit Markus en s’éveillant dans la pénombre de la grotte. À travers ses yeux mi-clos, Markus écoute plus qu’il ne voit la silhouette des siens rentrer dans l’abri les uns après les autres. Les silhouettes sont maigres, efflanquées, des os, des tendons et des muscles. Les peaux sont sombres, tannées par l’astre du jour, corps squelettiques, couverts des oripeaux d’un autre temps, depuis longtemps haillons. Ils ne protègent plus guère du soleil. Les rayons pénètrent à travers les fibres des tissus élimés. Brûlent la peau.

C’est l’habituelle cohue. Ils ont travaillé jusqu’à l’extrême limite.

Dehors quelqu’un crie aux retardataires de se dépêcher.

Markus sent le remugle de transpiration et de crasse envahir ses narines. Il s’y est fait, l’odeur des autres et la sienne, d’insupportable est devenue rassurante, le signe du regroupement, de la cohésion, de la famille au sens large. Quelque chose évoquant la sécurité et la chaleur du groupe. Quelqu’un s’approche de lui.

— Papy, tu veux de l’eau ?De l’eau ?
Bien sûr qu’il en veut, comme tout le monde.
On pose dans sa main une tasse. Il la connaît. Sa tasse, un mug en fer blanc, celui qu’il utilise depuis… il ne sait plus très bien 10, 15, 20 ans ? Depuis la nuit des temps, lui semble-t-il.

La même main qui lui a donné le mug entoure la sienne, l’aide à approcher la tasse de ses lèvres.
— Doucement.

L’eau est tiède, son goût saumâtre. Plutôt moins que d’autres jours. Il boit. Lentement, avec précaution. Ne pas gaspiller. Il sait ce qu’il en coûte d’avoir de l’eau. La longue descente vers la rivière. Après tout ce temps, il se demande à quoi elle ressemble. En tout cas pas à celle qu’il a connue quand il est arrivé dans la région. L’eau chantante et abondante a dû se réduire à un filet d’eau. Il sait la peine à la remonter dans les vieux bidons, puis à la filtrer. Il a longtemps participé à cette tâche. Maintenant plus. Son corps usé ne le supporterait plus.

Tandis qu’on s’agite autour de lui dans la pénombre, il se revoit soudain jeune, nager dans les eaux de la rivière, puis, rafraichi grimper avec quelques amis dans la vieille guimbarde de son père, ce dernier derrière le volant, souriant, heureux autant qu’il savait l’être.

En ce temps-là, tout était si facile. Tu avais soif, tu tournais un robinet et l’eau potable coulait, coulait, coulait à flots. Presque autant que tu en voulais et comme par magie.

La dernière fois que Markus est descendu, la rivière avait déjà beaucoup changé. Au fond de la gorge, son débit avait diminué au moins de moitié. Et les arbres ! Les arbres qui s’agrippaient aux parois de la gorge, qui couvraient d’une verdure presque impénétrable le raide flanc du vallon avaient disparu. Entre la chaleur et les sécheresses, ils étaient morts, attaqués par des parasites, sans compter l’incendie, le grand incendie, qui les avait tous consumés. L’impression d’évoluer dans un paysage lunaire l’avait saisi. Ou sur une autre planète, nue, désertique, le morceau d’une Mars gris cendre tombé sur Terre. Plus d’arbres, plus d’ombre. De la roche nue accumulant la chaleur du jour l’été. Une fournaise. Il en avait pleuré.

Avant qu’ils ne disparaissent avec tout le reste, songe-t-il, les services météo permettaient d’anticiper les événements les plus dangereux. Aujourd’hui, on ne disposait même plus d’une information précise des températures. Les thermomètres à piles ne fonctionnaient plus et les autres avaient tous été cassés. Quant aux cataclysmes, vous avez beau scruter le ciel, humer l’air, prier, on ne peut plus les prévoir à l’avance, ou alors seulement de quelques heures.

Les jours d’été, se dit-il, les températures devait frôler les 50° sous abri. La corvée de l’eau était devenue plus pénible. Après avoir rempli les bidons, pas de voiture, guimbarde ou non, électrique ou non, pour la ramener jusqu’au hameau. Les préposés à l’eau, bidons accrochés à des bâtons portés sur les épaules, remontaient les trois kilomètres à pieds nus, sur le sentier de terre cuite, de pierres et de poussière, avec ici et là quelques cactus malingres et les chardons.

Dès le printemps, une tâche à effectuer dès l’aube. Après, la chaleur rendait la mission dangereuse, possiblement mortelle.

Les rares fois où Markus sort, il ne s’habitue pas au paysage offert à ses yeux. Un paysage jaune de savanes semi-désertiques, écrasé par une chaleur infernale, un environnement de collines autrefois verdoyant, maintenant surchauffé et dangereux. À la fin du printemps, dès le milieu de la matinée, se consacrer à un travail exigeant des efforts comportait des risques. À partir de midi, la chaleur se transformait en tueuse impitoyable.

Dans l’ombre de la caverne, Markus boit encore quelques gorgées d’eau. Oui, dehors la chaleur est terrible. Mais lui, il ne s’aventure plus guère à l’extérieur durant la saison brûlante. Désormais vieux, très vieux et affaibli, à sortir la journée son organisme ne résisterait pas. Il n’en doute pas, il mourrait aussitôt. Il songe qu’il ne devrait de toute façon même plus être vivant. Il fait preuve d’une longévité et d’une résistance étonnantes. Et inutiles. D’ailleurs, après le grand incendie, il avait voulu renoncer. L’instinct de survie l’avait néanmoins emporté. Il sourit. N’avait-il pas lu ou entendu — il ne sait plus trop bien — que le cerveau humain avait avant tout développé la capacité et la volonté de survie, héritage de temps lointains depuis quelques décennies à nouveau d’actualité. Productivité, performance, rendement ne signifiait rien. Seule la capacité à survivre comptait.

Markus avait renoncé à se tuer à cause de ça. Tenter, essayer, s’acharner à survivre en dépit des conditions. Même maintenant qu’il ne sert plus à rien, qu’il est devenu un poids mort pour les autres, il ne meurt pas. À part quelques menues tâches, nettoyer à la brosse des légumes racines, un peu de couture, il passe l’essentiel de son temps dans ses souvenirs, ceux remontant jusqu’à l’événement, ou plutôt la chaîne d’événements ayant conduit à la tragédie. Dans l’obscurité de l’abri souterrain, là où les températures restent supportables, assis ou allongé, il se promène dans le monde d’avant. Il s’y réfugie, projetant ses images du passé sur la paroi en face de lui ou au plafond. Une fois les autres de retour, il cesse. Il sort de ses songes, s’arrache au souvenir des douceurs passées et revient dans le présent.

Quand toute la famille est à l’intérieur, il entend l’ordre habituel de sceller l’entrée.

Ce qui s’exécute toujours avec diligence. La pénombre s’accentue. Partout, les silhouettes des siens l’entourent, qui s’accroupit, qui s’adosse aux parois de l’abri, qui souffle, qui boit, qui récupère. Le reste de la journée est consacrée au repos, un repos bien mérité. Une fois installé sur les nattes, on dort jusqu’au soir. La meilleure façon d’attendre que la chaleur extérieure redevienne supportable pour un organisme humain en action.

La vie de Markus approche de son terme. Cet été-là est le dernier. Il le sait. Il ne s’accroche plus à son filet de vie par instinct. Il s’accroche encore pour une seule raison : il ne désire pas mourir dans la fournaise de ce qui, avant, se nommait la belle saison. Il attend l’automne, si possible l’hiver, quand les températures retombent enfin, quand elles ne menacent plus les organismes. Se protéger du chaud s’était révélé plus difficile que de se protéger du froid, le froid relatif de l’hiver.

L’été, se dit-il, on mène une vie de troglodytes, au fond de la caverne aménagée. Sous terre règne une relative fraîcheur. Les organismes en ont un besoin vital pour récupérer, pour ne pas s’épuiser.

Vers la fin de l’automne ou au tout début de l’hiver, on réintègre la maison. L’été, il faudrait être fou. L’été, c’est tout simplement impossible et dangereux. Sans l’abri, une petite caverne naturelle, agrandie à coups de pioches et des quelques explosifs qu’il s’était procurés sous le manteau avant la débâcle, la maigre communauté qu’ils forment n’aurait pas survécu. Lorsque Markus avait entrepris les travaux d’aménagement de la grotte, ses voisins, ses amis, ses connaissances s’étaient moqués de lui.

— Tu veux vivre dans une caverne ?

— Non, non, juste au cas où ?

— Au cas où quoi ? Rigolait-on.

Il ne répondait pas à la question. S’il devait leur expliquer les raisons et les craintes qui le poussaient à aménager au mieux un abri souterrain, ils n’auraient pas compris ou n’auraient pas accepté ses réponses. Markus ne regrettait pas d’avoir pris cette initiative.

La plupart des moqueurs sont morts. Des milliards sont morts. Ses voisins sont morts, mais quelques-uns de leurs descendants vivent encore et profitent de l’abri.

— Ça va, papy ?

Markus reconnaît dans l’ombre Sadana, une de ses petites filles. Elle approche les 15 ans, croit-il.

— Oui. Merci, Sadana.

— Tu veux t’allonger ?

Il fait non de la tête. Il est fatigué, mais pas de cette sorte de fatigue qui vous donne envie de vous allonger, de fermer les yeux et de sombrer dans le sommeil.

Juste la fatigue d’une vie trop longue. La jeune femme s’assied à côté de lui, lui prend la main. En trois générations, la régression avait été… il cherche le mot, le remuant entre ses vieilles lèvres fines et sa bouche édentée… avait été fulgurante. Et tout avait changé, tout avait été bouleversé.

Les enfants n’écrivent plus, ne lisent plus, n’étudient plus la géographie ou l’histoire ou les mathématiques ou la littérature. À quoi bon ? Ces connaissances ne servent à rien dans leur lutte quotidienne pour la vie.

Par contre, les enfants savent chasser, pour l’essentiel le rat, le lièvre, les mulots, les petits mammifères, tout ce qui se mange et qui avait survécu. Les enfants savent gratter la terre, y chercher des racines comestibles, ils savent cultiver la terre, les quelques variétés de légumes ayant pu s’adapter aux nouvelles conditions. Elles ne sont pas nombreuses. Quant aux céréales, il ne reste que le sorgho et encore, seulement les années les moins torrides.

En matière de culture et de récoltes, rien n’était assuré. Rien ! Chaleur, sécheresses ou violents orages ou tempêtes ou plutôt selon la nature du mix de ces fléaux, tous les efforts de productions alimentaires peuvent être réduits à néant. Les mégas orages et les tempêtes restent le plus impressionnants. Les premiers déchaînent une violence invraisemblable et déversent en quelques heures l’équivalent d’un déluge. Les tempêtes, elles, soufflent des vents d’une puissance invraisemblable, mais n’arrachent plus grand-chose. Ce qui devait l’être l’avait déjà été depuis longtemps. Dans ces cas-là, mieux vaut ne pas être surpris dehors. La mort y fixe rendez-vous plus qu’à son tour.

Dans l’abri, le calme revient. Les premiers ronflements montent, ceux des corps épuisés de lutter jour après jour pour la survie. Il ne leur reste plus que ça, songe-t-il, la survie. Et il n’aura fallu que trois générations pour en arriver à ce point. Si les yeux de Markus aussi secs qu’âgés pouvaient encore pleurer, il se serait retenu. Moins important de pleurer que de gaspiller une goutte de l’eau de son corps. L’envie n’a pourtant pas disparu. Pleurer sur ce qui avait été perdu. Mais dans la caverne, il est le dernier à se souvenir de la vie d’avant. Les autres ne l’ont jamais connue. Il lui arrive d’ailleurs de douter que l’avant n’ait jamais existé. Peut-être que ce qu’il prend comme des souvenirs n’est que le fruit de son imaginaire.

Sur sa maigre épaule, sa petite-fille s’est endormie. Son ventre gonflé d’une vie nouvelle forme une bosse sous sa tunique. Markus pose la main dessus. Elle va bientôt accoucher.

La caverne est encombrée de corps éparpillés à même le sol de terre. Dessous, la roche toute proche diffuse une vague fraîcheur. Ce qui s’assimile à de la fraîcheur. Il revoit comment ils avaient doublé le mur d’entrée de la grotte pour empêcher la chaleur d’y pénétrer. On avait entassé des masses de rochers sur une épaisseur de trois mètres. Puis, on avait attendu un orage ou la pluie. On avait alors collecté la terre, on l’avait charriée dans des caisses, dans des brouettes (avant qu’elles ne se cassent et deviennent inutilisables parce qu’irréparables. Ça avait été une grande perte ! Une de plus !). Mélangée à un peu d’herbe sèche, de racines à moitié calcinées, on avait fait couler la terre molle et argileuse dans les interstices des pierres empilées. Selon son estimation, la température à l’intérieur de la grotte ne grimpe pas au-dessus des 30°.

Les étroits conduits d’aération assurent un renouvellement minimal de l’air et par échange thermique, ils fonctionnent comme une sorte de climatiseur mécanique.

Mieux que rien.

Mon bien qu’un peu plus !

La vie de Markus, selon ses calculs, approche le siècle. Trop longue vie. En dépit de ses préparatifs dignes du survivalisme, il ne s’estime pas disposer d’un don particulier pour la survie. Il a eu de la chance, comme les autres survivants. C’est tout. Un organisme résistant, des gènes propices à atteindre un âge canonique dans un temps de misère, de privations, de dangers, de maladies. Dans un temps où la fragilité de la vie vous est rappelée tous les jours, la chance et le hasard sont vos seuls alliés.

Dans ce monde-là, sans machines, sans énergies autres que la force animale et le feu, dans ce monde-là, la mort l’emporte plus qu’à son tour sur la vie.

Dans le ronronnement des ronflements, dans le remugle des corps, dans la quasi-obscurité, Markus somnole, laisse sa pensée vagabonder, cherche à épuiser la colère qui l’habite encore. La technologie ! On avait parié dessus. Elle n’avait rien sauvé. Au contraire, elle avait empiré les choses. Elle les avait condamnés.

Les promesses de la technologie n’avaient pas été tenues. La technologie, à l’inverse des chantres qui en avaient chanté les louanges urbi et orbi n’avait pas débouché sur les lendemains qui chantent. La technologie et les machines n’avaient rien résolu. Elles avaient vidé la corne d’abondance qu’avait une fois été la Terre. La technologie et les machines avaient produit le résultat opposé qu’on attendait d’elles. Elles n’avaient pas renvoyé les humains au 18e siècle, pas même au moyen-âge ou au début de l’agriculture. Technologie et machines avaient provoqué l’holocauste et renvoyé les rares survivants à l’âge des cavernes. Un sacré progrès ! L’ultime innovation, la grande et dernière disruption.

Markus calme sa respiration. Remuer ses colères et ses regrets ne sert à rien. Ce qui avait été fait était fait. On en connaissait désormais le résultat : une vie de survie.

Il sent qu’on le secoue. Il entrouvre ses yeux, se disant qu’il s’est lui aussi assoupi.

Un homme a posé sa main maigre sur son épaule décharnée.

— Hé, papy, tu veux sortir un peu.

Markus réfléchit un instant. Oui, il a envie de sortir. Même encore bouillant, il aspire à un air moins confiné que celui de la caverne. Dehors, il verrait d’autres ombres…

L’homme, un certain Norman, l’aide à se relever et le soutient. À l’exception d’une lampe à huile, l’obscurité règne dans la caverne. À tâtons, ils empruntent le passage vers l’extérieur, l’air libre, la nuit et les étoiles du ciel.

Il est cueilli par une bouffée de chaleur. L’air ne brûle plus. Il est juste chaud. Très chaud. Peut-être 35°. Plus chaud qu’à l’intérieur.

Le terrain plat devant la caverne se parsème de silhouettes accroupies et discutant. Autour du foyer de pierres, on cuisine sur le maigre feu de broussailles.

— Viens.

Norman conduit Markus jusqu’à son siège, un fauteuil en rocher sur lequel une âme charitable a posé un vieux morceau de couverture.

— Merci !

Markus se souvient sans difficulté des événements les plus anciens. Pour le temps présent, il réalise que son esprit devient souvent confus, sa mémoire incertaine.

— Tu… tu es bien Norman ? demanda-t-il.

— Oui. Je vais t’apporter à manger.

— Où est ma petite-fille, elle a dormi à côté de moi et n’était plus là quand je me suis réveillé.

Norman serre les lèvres, secoue la tête, répète ce qu’il va lui amener à manger. fit-il avant de s’éloigner.

Sa gamelle en fer dans les mains, Markus renifle.

— Bouilli de larves et racines de chiendent, annonce Norman.

De sa vieille main, Markus saisit la cuillère et mange en silence le seul repas du jour. Il mâche du mieux qu’il peut avec les trois molaires qui lui restent, par bonheur du même côté. Juste de quoi ne pas avoir besoin de n’ingurgiter que de la bouillie. Il mange lentement, broie les larves et les dures racines.

Il pense à sa petite-fille. Il pense à la vie à venir, puis tout à sa tâche de se nourrir, il regarde devant lui.

Au loin, avant, au-delà de la ligne des volcans, à cette heure de la nuit, brillait le halo lumineux d’une ville. Son nom lui échappe. Sans importance, l’absence du halo ne signifie qu’une seule chose, la ville a cessé d’exister. Peut-être restait-il des ruines. Sans aucun doute des ruines et peut-être quelques hordes d’humains à y survivre.

La famille assemblée mangeant sous la clarté d’un quart de lune ressemble sans doute à quelque scène très ancienne. À une différence près : on ne craint plus guère les bêtes sauvages. Du moins les bêtes susceptibles de s’attaquer à l’humain. Les loups, les ours, les vaches, la majorité des grands mammifères ont disparu faute de ressources. Aucune nouvelle créature menaçante ne les a encore remplacées. Pas encore. Peut-être dans mille ans, dans dix milles. Ou plus. Markus l’ignore. Même les insectes ont été décimés et ne représentent plus une menace réelle.

L’image de l’ancienne luxuriance de la Terre s’impose à son esprit, le ramène au vague espoir qu’il nourrit. Peut-être un jour, un jour très lointain, dans mille ou dix milles ou cent mille ans, peut-être la vie refleurirait-elle et foisonnerait. Pour l’instant et pour longtemps encore le règne de la grande jachère s’imposerait.

Quand la vie repartira, se demande-t-il, les humains existeront-ils encore ?

Markus en doute. Il en doute de plus en plus. L’humain se mourait. Ici et là subsistent plutôt mal que bien quelques poches. Sans doute, ne sera-ce pas suffisant. Il le regrette. Il a toujours aimé imaginer une humanité traversant les millénaires, essaimant dans le vaste univers. Jeune, et même plus tard, il avait apprécié la science-fiction. Mais de vaisseau Nostromo ou Entreprise, l’humain n’en construirait pas. L’humain était condamné à une planète, la Terre. Et cet imbécile d’humain n’avait rien trouvé de mieux que de la saccager au point de la rendre presque inhabitable !

Le repas terminé, Norman lui demande s’il souhaite participer à la procession.

— Quelle procession ?

Norman hésite. Il est gêné.

— Papy, la procession pour… pour Sadana, ta petite-fille et pour sa nouvelle-née.

Markus ferme les yeux, secoue sur son maigre cou sa tête.

— Impossible, elle a…

Il comprend. Sa petite-fille endormie sur son épaule, c’était un autre jour. Maintenant, ça lui revient. La naissance, les cris, puis la mort. Peut-être celle de trop.

— Non, répond-il, je vais rester ici. J’entendrai les chants !

— D’accord.

Norman s’éloigne. La famille se réunit, se met en route, s’allonge en un modeste cortège et, en procession, elle prend la direction du cimetière.

Cette nuit, on enterre Sadana, sa petite-fille et son enfant mort-né. Ça arrive souvent. Trop souvent. Markus laisse le cortège de la tribu, quel autre nom donner à cette trentaine d’individus survivants dans la fournaise en quoi l’homme avait transformé la terre.

Horde, éventuellement.

Certainement pas société.

Peut-être, peuple dernier ! se murmure Markus avec une ironie pleine de tristesse. Une infinie tristesse.

Au loin s’élève alors la mélopée, la longue plainte de la cérémonie. On dépose les corps morts dans la fosse, on les saupoudre de sable, de poussière, on chante la longue mélopée sans paroles. Puis on revient, les cadavres portés dans les bras, puis on ravive le feu et on les y fait rôtir.

Un rituel nécessaire. Une source de protéine qu’on a pas le luxe de négliger, pense Markus. L’âme des morts leur appartient, pas leur chair, trop précieuse pour être gaspillée.

La troupe revient vers l’entrée de la caverne. Quelques personnes s’activent à réanimer le feu en vue de la suite de la cérémonie funèbre. Les autres partent au labeur dans le clair-obscur de la nuit. Qui à la chasse, qui à l’élevage de larves, qui dans le champ.

Quelques jours plus tard

À la disposition des étoiles, Markus estime qu’il est à peu près deux heures du matin. Quelques heures encore et ce serait le moment le plus frais de la journée. Puis l’aube arriverait, menaçante, puis le soleil jaillirait de derrière la ligne des volcans. Bientôt la chaleur écraserait tout.

À ce moment-là, Markus aura déjà regagné sa place dans la caverne. Il attendrait, remuant ses vieux souvenirs où des avions volaient, des musiques résonnaient, des livres s’ouvraient, des images dansaient sur des écrans, des voitures circulaient. Des images d’avant, des images dont il était sans doute l’un des derniers dépositaires sur toute la surface de la Terre.

Puis, les membres de la famille, de la tribu reviendraient, leur corps ascétique s’entassant dans la caverne, se préparant au repos. On lui donnerait à boire et tout recommencerait.

Et tout recommencerait. Jour après jour, pas autre chose. La survie absolue. Rien d’autre de possible. Pas d’autres horizons.

La journée de labour est terminée. La caverne bruisse des respirations des corps se reposant, Markus ferme les yeux et s’assoupit à son tour.

Il est sur la colline derrière la maison. Assis sur le banc, il regarde dans le jaune orangé de la lumière Sadana et son arrière-petite-fille grimper la pente dans sa direction. L’enfant a six ans et déborde de vie, d’énergie. Elle galope, s’arrête, redescend, saute, tourne autour de sa mère qui rit. Markus les observe s’approcher, un sourire à la bouche. Il a une surprise. Il est allé au verger plus haut. C’est la fin d’après-midi et comme souvent, en redescendant vers le hameau, il s’est assis sur le banc, sous le vieux châtaignier. Dans la poche de sa vareuse, les premières pommes de la saison qu’il a cueillies forment une bosse. À les regarder monter, la durée d’un instant, il a l’impression qu’elles n’avancent plus ou qu’elles avancent tout en s’éloignant.

Un effet de son imagination. Il ne peut en être autrement.

Il glisse alors la main dans la poche, tâte les fruits, choisit à l’aveugle celui qui lui semble le plus prometteur, le plus goûteux, puis il attend. Peut-être les fruits seront-ils encore un peu acides. Peu importe. Tout comme lui, son arrière-petite-fille adore les pommes…

*****

Tout ce qui nous est précieux a vu le jour sous un climat stable. Si on le déstabilise, les fondements de la société qui dépendent d’un climat stable vont se fissurer. Ça a même déjà commencé. Est-ce qu’il est trop tard, c’est la grande question.La vie sur terre se maintiendra, mais l’humanité, j’en doute.
Camille Parmesan, biologiste et membre du GIEC

95-Détend-toi, après tout ce n’est pas la fin du monde!

Détend-toi, après tout ce n’est pas la fin du monde!

— Détends-toi, après tout ce n’est pas la fin du monde, dit oncle Ben avec un large sourire avant d’en fourner dans sa bouche un gros morceau de boeuf.
Julien serra les dents tandis que la colère assombrissait ses yeux.
Il avait hésité à venir à la fête de famille de l’année et comme chaque fin d’hiver, il s’y était rendu seul. Pierrette, sa compagne avait décliné.
— Tu sais très bien que si je viens, ça risque de ne pas bien se passer.
Il avait acquiescé. Pierrette avait raison et, c’était peut-être naïf de sa part, mais Julien estimait qu’une fête de famille n’était pas l’occasion d’une bonne grosse dispute.
— Toi, c’est ta famille, tu es habitué.
Et après un petit regard en coin à Julien, elle avait ajouté.
— Et puis, tu es plus calme que moi.
Levé à six heures, Julien était descendu à la cuisine et avait préparé la chicorée matinale. Ce n’est que sa tasse remplie qu’il avait remarqué la lueur de fin de fin de nuit derrière les fenêtres. Une lueur blême, plus claire que d’habitude à cette heure. Et il avait lâché un juron.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Lui avaiit demandé Pierrette.
— Regarde-moi ça, il a neigé !
Les mains sur son ventre qui s’arrondissait, elle s’était dirigée vers une des fenêtres.
— Mieux vaut ça que le gel !
— Mouais, n’empêche que hier soir météo France annonçait encore de la pluie et pas de la neige !
Pierrette se rapprocha et l’enlaça avec tendresse.
— Ne grogne pas, mon beau, tu sais ce que nous répète souvent Max.
Il s’en souvenait, bien sûr. Max leur avait expliqué plusieurs fois que plus le changement climatique se renforçait et plus les modèles utilisés par les météorologues avaient de la peine à s’adapter. En conséquence, les prévisions météos se plantaient plus souvent qu’avant. Max parlait alors de l’âge d’or de la météo.
— Il y a à peine vingt ans, je peux te dire que ça se plantait rarement. Sur trois jours, on pouvait vraiment faire confiance aux prévisions.
Max avait la soixantaine. Dix ans auparavant, lui et Julien s’étaient rencontré lors d’un stage de permaculture du côté de Dieu-le-Fit,d ans la drôme. En dépit de la différence d’âge, ils s’étaient bien entendu. Restés en contact, l’amitié avait suivi. Quand Julien et Pierrette s’étaient installé, Max leur avait prêté de l’argent.
— T’inquiète pas, on te remboursera.
Max avait rigolé.
— Rien ne presse. Je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant. Vous avez besoin d’argent, autant qu’il serve à un chouette projet.
Le reste s’était fait avec le plus grand naturel du monde. Après une carrière d’ingénieur à Airbus, il avait démissionné de son poste.
— Dissonnence cognitive,a vait-il lâché quand il leur avait annoncé la nouvelle. Impossible de continuer à construire des avions pour moi. Ça n’a aucun sens.
Le lundi matin, alors qu’il était censé regagné Paris, il était resté à la ferme des Cigognes.
La discussion, si on peut l’appeler ainsi avait duré à peine cinq minutes. Max avait accompagné Pierrette au poulailler. L’aube se levait. Aucun signe de neige dans le ciel bleu. La matinée s’annonçait belle et tiède.
En rentrant à la ferme, ils s’étaient arrêtés à la hauteur de la petite dépendance en pierre destinée à devenir un futur gite à la ferme.
Max avait allumé une cigarette.
— Je n’ai pas très envie de partir, avait-il murmuré dans la quiétude matinale.
— Hé bien, tu n’as qu’à rester.
— J’ai des choses à faire à Paris.
Elle lui avait donné un coup de coude.
— Quelles choses ?
Il s’était gratté la tête.
— Bah, réglé deux ou trois conneries, tu sais comment c’est, le chômage, les allocations, le bazar adminsitratif.
Pierret avait pointé du menton la petite maison.
— Tu pourrais retaper ça et après t’y installer.
— Mouais, on verra.
Après le petit-dejeuner, Gabriella avait relancé le sujet.
Entre temps, l’idée avait son chemin dans l’esprit de Max. Oui, pourquoi pas venir s’installer ici. Il avait entendu assez d’histoire sur ces jeunes maraîchers qui s’épuisaient au boulot. Un boulot de forçat. Au point d’en faire des burn-out ! Il se souvenait de ce Yann. Lors d’un stage, il avait raconté que deux ans après son installation, il n’en pouvait plus. Mais, impossible de s’arrêter. Les légumes, ça n’attend pas. Alors, même épuisé, c’était du dix douze heures par jour, sept jours sur sept. Un midi, sa femme ne le voyant aps venir, elle l’avait appelé au téléphone. Pas de réponse. Une sorte de pressentiment l’avait foudroyée alors. Elle était sortie et le chien sur les talons, elle s’était précipitée dehors.
Elle avait regardé le terrain, n’avait vu nulle aprt son Yann. Elle l’avait encore appelé, cette fois de vive voix.
Rien. Pas de réponse. La vieux Traffic et la vieille Berlingo étaient stationnées sous le auvent, le tracteur montrait son cul dans la grange.
Où est-ce qu’il peut être ?
Elle était entrée dans la grange. Personne, à part quelques poules égarées. Dans les écuries, personne non plus.
Merde de merde !
Elle avait encore appelé, avec dans la voix une pointe d’angoisse.
Puis le chien s’était mis à aboyer et avait filer droit vers la serre.
La serre, bien sûr, quelle conne je fais, avait-elle pensé.
Elle l’avait trouvé là, étendu, évanoui entre une rangé de salade et une de tomates à peine transplantée.
Elle avait accouru, avait posé la main sur son coeur, évitant de regarder son visage blanc comme la mort. Mort, il ne l’était pas. Son coeur battait.
Elle appelait le samu quand il était revenu à lui.
Quan dvous voyez Yann, vous vous dîtes c’est une force de la nature. N’empêche, il s’était évanuoui sou ssa serrre d’épuisement.
Max regarda Julien de l’autre côté de la table. Entre la boulangerie, les poules, les cultures, l’entretien et les travaux de rénovation, les marchés, il avait la sale gueule du type épuisé. Les traits tirés de Gabriella ne disaient pas autre chose que ce qu’ils disaient : je suis crevée de chez crevée.
— Gabriella m’a dit que tu n’avais pas envoe de rester, alors reste !
Max avait encore réfléchi quelques instants.
Qu’avait-il à y perdre ? Il songeait lui-même à acheter une vieille ferme, à la retaper, à faire un grand potager, à essayer de vivre selon ses nouvelles convictions.
Mais seul ? Il voyait bien le travail que représentait une ferme, même si elle était “mini”.
Non, rien ne le retenait plus à Paris. Rien de sérieux. Rien d’important. Rien de vital. Alors ?
La conclusion s’imposa à lui sous forme de question. Et s’il n’avait rencontré Julein cinq ans auparavant, puis Gabriella, rien que pour ça ? Rien que pour devenir leur manoeuvre agricole ? Il devait s’avouer y avoir déjà songé.
— OK, je reste.
— Yes, man ! Avait lancé Julien.
Gabriella s’était levée.
— Pour l’occasion, on va fêter ça.
Il sortit d’un placard une bouteille de prune, de la distillée sur place en fraude. Max avait conçu l’alambic.
Trois petits verres apparurent sur la table. Julien versa, chacun prit son verre, le leva et ils scellèrent leur pacte ainsi.
La veille de la fameuse fête de famille, Max avait pris en quatre yeux julien :
— Pourquoi tu te fais chier à aller à cette fête de famille chaque année ?
À peine arrivé, ça avait commencé.
— Alors, comment va notre paysan ? Encore dans les choux ? L’avait accueilli sa soeur, ingénieure aéronotique. Un boulot d’avenir !
Ah la fine plaisanterie !
— ça fait plaisir de te voir, soeurette.
Son père ne valait guère mieux.
— Je suis content de te voir, papa.
— Moi aussi, fiston. Il lui avait donné une tape dans le dos, puis ajouté. Tu as mauvaise mine, ta mère s’inquiète. Il faudra qu’on ait une conversation tous les deux.
— Je vais très bien, papa.
Julien savait exactment de quoi il retournerait. Son père lui dirait “Maintenant que tu t’es bien amuseé à jouer au paysan, il est temps de reprendre la bonne route, fils.
La bonne route ? Pouur son père, ça ne signifiait qu’une seule chose : on ne fait pas HECC pour devenir paysan. On fait HECC pour bosser dans une grande boîte ou devenir entrepreneur. Un vrai. Avec de l’ambition. Quand on fait HECC, c’est pour gagner de l’argent. Beaucoup d’argent. Pas de vivre en vendant trois légumes et quelques miches de pain.
Seule sa mère semblait le comprendre et accepter son choix de vie. Et elle s’inquiétait vraiment pour lui, pour sa santé, pour l’argent, pour son couple.
— Et comment vous allez faire avec le petit, quand il sera là ?
— Je suis un grand garçon, maman. Je me me débrouille très bien.
Elle lui avait caressé la joue. Chaque fois qu’elle savait l’avoir blessé sans le vouloir, elle avait ce geste. Lui caresser la joue avec une douceur toute maternelle.
— On t’aime, tu sais, mon fils.
La torture avait continué pendant l’apéritif, champagne, foie gras sur toast et même quelques canapés au caviar.
Son père avait souri en le voyant étonné.
— La bourse, fils, j’ai fait de bonnes affaires cette année, alors au diable l’avarice. Goûte ! Il est délicieux.
Julien avait refusé le caviar, comme le foie gras. Il avait picoré quelques tomates cerises poussées sou serre, quelque part dans une andalousie transformée en camp de travail pour émigré et en cours de désertification. Les tomates n’avaient aucun goût. Il avait aussi refusé le champagne.
— Je conduis, avait-il menti.
— Oui, ben moi aussi, avait fait pncle Benjamin. Ça ne m’empêche pas.
— J’ai trois cents bornes à faire, toi à peine dix.
— C’est vrai, avait concédé de mauvaise grâce l’oncle.
La soeur de Julien avait demandé alors pour quoi Maria, la fille de Benjamin n’était pas là.
— Ah ! Ma chère Olga, tu as encore oublié. Elle est en vacances au Brésil !
Et, en guise de pointe envers Julien, il ajouta :
— Elle a hésité à faire un petit aller-retour pour aujourd’hui, mais elle avait peur que Julien l’engueule, rapport à son bilan carbone.
Dans l’assemblée, on rit, pas beaucoup, mais on rigola tout de même, de la plaisanterie.
Julien sortit un moment prendre l’air. Sa mère le rejoignit.
— Allez, viens, on va passer à table ! Oncle Ben ne voulait pas être méchant.
Pour ne pas peiner sa mère, il rentra avec elle.
On passait à table. L’entrée fut servie, encore de la viande, puis le plat principal, une belle pièce de boeuf.
Sa soeur racontait ses voyages lointains, la plupart pour le travail. Le cousin Fred, le fils de son oncle et de sa tante, parlait de sa start-up avec fierté.
— Dans deux ou trois ans, une grosse boîte me rachète et je suis multi-millionnaire, voire mieux, qui sait ? Dehors, Julien avait remarqué l’énorme SUV noir BMW.
— Tu vois, Julien, c’est comme ça qu’on peut se payer de quoi faire la transition, une belle bagnole électrique.
Ta gueule, espèce de connard !
— Pas mal d’études montrent que la voiture électrique n’est pas si vertueuse. Surtout les gros modèles comme le tien.
— N’empêche que moi je roule pas dans une Berlingo diesel hors d’âge interdite dans toutes les villes dignes de ce nom.
Je m’en fous, en ville j’y vais jamais. Ou je prends le train !
On le savait écologiste, adepte de la permaculuture.
— Pas avec des gens comme toi qu’on va nourrir l’humanité !
Putain, ils me rendent fous ! C’est la dernière fois que je viens.
On passa à d’autres sujets de discussion, les vacances à l’autre bout du monde, les derniers gadgets achetés, le futur avion à l’hydrogène ou au bio-carburant, à la politique et à ses saletés d’assistés de pauvres qui ne veulent pas travailler.
Des clichés, rien que des clichés, rien qu’un peu d’efforts à lire deux ou trois articles ou deux ou trois études qui démontraient par A+B la fausseté de ces affirmations et on se rendait compte que ce n’était là que des clichés et qu’ils ne disaient rien de la réalité, sinon celle d’une sorte de bêtise, d’ignorance et de mauvaise foi bien partagées.
— J’ai vu aux infos ce matin qu’il vait neigé dans ton coin. Autant pour ton fameux “réchauffement climatique”.
— Oncle Ben, tu confonds encore météo et climatologie, toi qui a fait l’ENA. Ça me surprend. Je ne te croyais pas aussi stupide.
— Julien, intervient son père, ne soit pas impoli, je te prie. Ce sont des gens comme Benjamin qui font tourner le monde.
Oui, et c’est bien le problème. Des bûches, des idiots, desirresponsables ou peut-être bien les trois à la fois.
— Regarde ce qu tu as dans ton assiète, oncle Ben, reprit Julien. Hé bien, on ne peut la produire que si le climat est favorable. L’été dernier, rien qu’en Europe, les rendements agricoles on diminué de 22% à cause des canicules et de la sécheresse.
— Bah ! Mon assiète est bien remplie et si ici ça pousse moins bien, on achètera ailleurs. Pas bien grave.
Julien eut un petit sourire malin.
— Mmmm, peut-être, oncle Ben, mais la baisse des rendements agricoles à l’échelle mondaile a baissé de 17% l’année dernière. Qu’est-ce que tu feras quand ça aura baissé de 50% ?
Oncle Ben arrêta de couper sa viande et le regarda quelques instants.
— Hé bien, hé bien…
— Hé bien tu paieras plus cher tout ce que tu manges.
— Je m’en fous, je suis assez riche.
— Peut-être pas autant que tu le crois. Et quand, les rendements auront tellement baissé, que l’on risquera de mourir de chaud à sortir dehors, que le bétail qui te fournit ta chère viande crèvera de soif et de chaud, quand…
— ça suffit, intervint le père de Julien. On ne va pas recommencer.
— Non, répliqua Julien, on va continuer. Quand, grâce à vos vies si fantastiquement meilleure que la mienne, si fantastiquement plus utile à l’économie que la mienne, quand avec tous vos voyages, vos grosses bagnoles, vos piscines, vos baraques trop grandes, vos résidences secondaires, quand avec toute la viande que vous mangez on aura tout bousillé, vous ferez quoi ?
— Ça va quand même être la fin du monde de manger de la bonne viande comme celle-ci.
Julien se leva. C’en était trop. Des années qu’il s’efforçait d’être raisonnable, posé, constructif pour tenter de convaincre sa famille que les choses allaient empirer et empirer.
— Peut-être pas la fin du monde, peut-être la fin de ce monde, ce monde que vous défendez, ce monde de fiction qui vous fait croire que toujours plus du même va résoudre nos problèmes.
— Oh Julien, arrête, lui enjoignit sa soeur.
— Non, pas cette fois ! Ça fait des années que vous m’emmerdez avec ça ! Ça fait des années que vous fermez les yeux devant les évidences les plus évidentes ! Toi, ma soeur, quand tu pars à l’autre bout du monde, je me dis “j’espère qu’elle ne compte pas avoir des enfants” parce que dans ce cas, à voyager comme tu le fais, tu détruis leur avenir avant même qu’ils soient nés, ces chers enfants.
Il s’arrêta. À quoi bon !
– Je m’en vais et vous n’êtes pas prêt de me revoir.
Il se dirigeait vers la porte de la vaste salle à manger et il s’arrêta. Oui, il avait neigé un 2 mars à 350 mètres d’alitude après trois mois d’hiver où il y aviat eu à peine trois gelées. Oui, il risquait de perdre pas mal de récolte si un coup de gel survenait quand tout débourrait. S’il avait été une personne, on aurait dit du climat qu’il devenait dingue, irrationnel, plein de sautes d’humeur incompréhensible. Et c’était vrai. On ne savait plus à quel saint se vouer et bientôt, produire de la nourriture deviendrait très difficile. Alors…
Julien revint vers la table, l’oeil noir. Devant la place qu’il avait occupée en serrant les dents la plupart du temps, il saisit à deux mains la nappe.
— Comme on dit dnas les restos qui se veulent chics, je vous souhaite une bonne continuation.
Et il tira sur la nappe, recula, entraîant derrière lui nourriture, plats, assiettes, verres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien sur la table.
Devant la bouche bée de toute la famille réunie, il sourit.
— à la fin, c’est ce que vous aurez, une table, avec rien dessus.
Il tourna les talons et s’en alla.
Il s’éloigna de quelques kilomètres de la maison familiale et se gara sur le bas côté. Derrière le volant, le souffle court, il pleura de rage, de colère, de tristesse. Mais après un bon qurt d’heure, il commença à se sentir mieux. Il avait enfin dit ce qu’il devait dire et il s’en foutait des conséquences autant que les membres de sa famille s’en foutait de la conséquence de leurs actes, s’en foutaient de tout, sauf de leur foutu pognon de merde.
Il reprit la route. Un grand calme l’envahit. Voilà, je l’ai fait. J’ai rompu les dernières amarres.
Plus tard dans l’après-midi, quand la famille eut réparé les dégâts causés par l’esclandre du fils aîné, oncle Ben reçu un appel.
Au fur et à mesure qu’il écoutait ce qu’on lui disait, son visage se décomposait, blêmissait.
Quand il raccrocha, son hébétude inquiéta tout le monde.
— Une… une mauvaise nouvelle, demanda la mère de Julien.
— Ma… Ma… Maria…
— Quoi, Maria ? Demanda la soeur de Julien.
— Elle est morte.
La nouvelle estomca tout le monde.
— Mais c’est impossible. Un accident ?
Il s’avère que Maria n’avait pas vraiment trouvé la mort dans un accident. Pas le genre d’accident auquel on pense. Non, grande sportive, en vacance au Brésil, elle était sortie courir comme elle le fait tous les jours. Ce jour-là, les températures étaient élevées. Très élevées. Plus de quarante degré. Elle avait couru et d’un coup elle s’était effondrée. Tuée nette par un coup de chaud, victime d’un réchauffement climatique qui, s’il ne signifiait pas la fin du monde ou du moins pas encore, signifiait désormais quelque chose pour l’oncle Benjamin. Il signifiait la mort de sa fille, trente ans, brillante avocate,grande amatrice de sport d’endurance et dont il était si fière…

Fiction 3

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