par thp.panchaud@gmail.com | lundi 18 mars 2024 | Épars
Nous pourrions vivre en paix.
Nous préférons nous faire la guerre parce qu’elle exige moins d’effort.
Nous prétendons aimer la vie.
À accumuler les décennies, j’ai acquis une certaine expérience en cette matière. Alors de cette prétention à aimer la vie, permettez-moi d’en douter.
Unis nous sommes forts.
Hélas, souvent, aussi, plus stupides.
Adolescent, je fus un tumulte de pensées.
Jeune, je crus tout savoir.
Dans la force l’âge, je m’imaginais disposer d’un certain pouvoir.
À vieillir, j’entrevois les contours de notre monumentale vanité.
Enfant, je fus heureux.
Que s’est-il donc passé ?
Les religions s’efforcent de distinguer entre ce qui serait le bien et ce qui serait le mal.
Constatons que toutes, à cette tâche a priori louable, elles finissent par échouer.
Un vers d’une chanson populaire me revient en tête :
La seule solution, c’était de mourir !
La vieillesse est amère.
Nous réalisons alors l’étendue de nos erreurs et notre impuissance à les corriger, sinon notre refus…
Ou alors, pire encore, de nos erreurs nous n’en prenons pas même conscience et avançons vers la mort chaque jour plus bouffis de la certitude d’avoir agi sinon pour le meilleur, du moins pour le mieux.
Dans ce cas, à se confronter à l’inévitable affaiblissement de nos forces à agir et à imposer ce que nous jugeons bien ou juste ou mieux, la vieillesse est encore amère.
Pour adoucir l’amertume, vieillisant, ne prétendons-nous pas alors pour nous justifier d’avoir acquis au cours de la vie une certaine expérience sinon une certaine sagesse ?
À l’absurdité de la vie, il n’existe aucun contrefeu satisfaisant.
Ici-bas, puissance phénoménale de l’inutile.
par thp.panchaud@gmail.com | mercredi 20 mars 2024 | Épars
Les êtres humains sont irréconciliables. En dépit de l’affirmation de la plupart, rares sont celles et ceux préférant avec sincérité la paix à la guerre.
Et ces quelques êtres humains d’exception, hélas, ne font que confirmer la règle commune.
Faire la paix avec ses ennemis ne suffit pas à en faire des amis, des frères et des sœurs. À peine peut-être des alliés.
La paix exige trop de renoncements et de sacrifices alors que le divertissement de la guerre et des conflits offre l’illusion d’un sens et d’un but à nos vies.
La paix n’a jamais construit d’empires et jamais elle n’en construira.
Mais, a-t-on besoin d’empires ?
Restent l’amour, la maigre récompense des choses de l’esprit, le sublime sentiment du beau, la dangereuse ivresse de l’harmonie et, parfois, le reflet de cette quaternité enfermée, contrainte dans une œuvre d’art.
Encore une fois s’impose à moi l’image d’un jardin que nous nous acharnons à piétiner, à saccager, incapables de nous en contenter comme s’il était une insulte, comme s’il représentait une menace à notre génie soi-disant clairvoyant, à notre prétendue supériorité et à notre supposée formidable destinée.
La vie est un tout. En retrancher des parties comporte des risques.
En retrancher des pans entiers, un risque mortel.
Avec une étonnante ténacité, nous nous éloignons de l’ouvrage qu’aurait pu nous inspirer le jardin et, pleins d’une malsaine énergie, jour après jour nous rapprochons de nous l’enfer.
Ce matin, de noir le ciel devint rouge, puis jaune, puis bleu pâle.
À consacrer ma vie à chercher ce que pourrait être une vie bonne, ici ou là, par instants, je l’ai effleurée.
Je n’en mourrai pas moins.
Maintenant, sous le soleil, le vide du ciel est bleu acier.
par thp.panchaud@gmail.com | vendredi 22 mars 2024 | Épars
Dieu, dit-on, a créé le monde et la vie.
L’homme blanc la détruit.
Plus j’écoute,
Plus j’apprends,
Plus j’observe,
Plus je perçois les dysfonctionnements globaux
Et plus j’en conclus :
Faut tout bousiller !
On me rétorquera :
ce n’est pas parce qu’il y a quelques fruits pourris qu’il faut condamner l’arbre.
Mais qu’en est-il quand l’arbre lui-même est pourri et qu’il ne masque plus le pourrissement de l’entier de la forêt ?
Au-delà des apparences, la civilisation occidentale est devenue désormais un formidable processus d’autodestruction.
Peut-être la catastrophe nous permettra-t-elle de sauver ce qui reste encore à sauver.
Et peut-être encore, n’est-ce pas là un paradoxe.
par thp.panchaud@gmail.com | vendredi 08 mars 2024 | Épars
Depuis un demi-siècle,les yeux grands fermés nous pénétrons toujours plus avant dans l’âge des catastrophes.
Quand nous aurons faim, quand nous aurons soif, quand nous aurons trop chaud ou trop froid, quand nous serons condamnés à survivre plutôt qu’à vivre, il nous restera les yeux pour pleurer.
Nous ne sommes absolument pas préparés à ce qui arrive parce que nous ne voulons pas nous y préparer.
Jouir le plus longtemps possible de ce qui nous détruit et puis mourir.
Telle pourrait être notre devise.
Et nous nous croyons malins !