Les êtres humains sont irréconciliables. En dépit de l’affirmation de la plupart, rares sont celles et ceux préférant avec sincérité la paix à la guerre.
Et ces quelques êtres humains d’exception, hélas, ne font que confirmer la règle commune.
Faire la paix avec ses ennemis ne suffit pas à en faire des amis, des frères et des sœurs. À peine peut-être des alliés.
La paix exige trop de renoncements et de sacrifices alors que le divertissement de la guerre et des conflits offre l’illusion d’un sens et d’un but à nos vies.
La paix n’a jamais construit d’empires et jamais elle n’en construira.
Mais, a-t-on besoin d’empires ?
Restent l’amour, la maigre récompense des choses de l’esprit, le sublime sentiment du beau, la dangereuse ivresse de l’harmonie et, parfois, le reflet de cette quaternité enfermée, contrainte dans une œuvre d’art.
Encore une fois s’impose à moi l’image d’un jardin que nous nous acharnons à piétiner, à saccager, incapables de nous en contenter comme s’il était une insulte, comme s’il représentait une menace à notre génie soi-disant clairvoyant, à notre prétendue supériorité et à notre supposée formidable destinée.
La vie est un tout. En retrancher des parties comporte des risques.
En retrancher des pans entiers, un risque mortel.
Avec une étonnante ténacité, nous nous éloignons de l’ouvrage qu’aurait pu nous inspirer le jardin et, pleins d’une malsaine énergie, jour après jour nous rapprochons de nous l’enfer.
Ce matin, de noir le ciel devint rouge, puis jaune, puis bleu pâle.
À consacrer ma vie à chercher ce que pourrait être une vie bonne, ici ou là, par instants, je l’ai effleurée.
Je n’en mourrai pas moins.
Maintenant, sous le soleil, le vide du ciel est bleu acier.