Nous pourrions vivre en paix.
Nous préférons nous faire la guerre parce qu’elle exige moins d’effort.
Nous prétendons aimer la vie.
À accumuler les décennies, j’ai acquis une certaine expérience en cette matière. Alors de cette prétention à aimer la vie, permettez-moi d’en douter.
Unis nous sommes forts.
Hélas, souvent, aussi, plus stupides.
Adolescent, je fus un tumulte de pensées.
Jeune, je crus tout savoir.
Dans la force l’âge, je m’imaginais disposer d’un certain pouvoir.
À vieillir, j’entrevois les contours de notre monumentale vanité.
Enfant, je fus heureux.
Que s’est-il donc passé ?
Les religions s’efforcent de distinguer entre ce qui serait le bien et ce qui serait le mal.
Constatons que toutes, à cette tâche a priori louable, elles finissent par échouer.
Un vers d’une chanson populaire me revient en tête :
La seule solution, c’était de mourir !
La vieillesse est amère.
Nous réalisons alors l’étendue de nos erreurs et notre impuissance à les corriger, sinon notre refus…
Ou alors, pire encore, de nos erreurs nous n’en prenons pas même conscience et avançons vers la mort chaque jour plus bouffis de la certitude d’avoir agi sinon pour le meilleur, du moins pour le mieux.
Dans ce cas, à se confronter à l’inévitable affaiblissement de nos forces à agir et à imposer ce que nous jugeons bien ou juste ou mieux, la vieillesse est encore amère.
Pour adoucir l’amertume, vieillisant, ne prétendons-nous pas alors pour nous justifier d’avoir acquis au cours de la vie une certaine expérience sinon une certaine sagesse ?
À l’absurdité de la vie, il n’existe aucun contrefeu satisfaisant.
Ici-bas, puissance phénoménale de l’inutile.